Tom Of Finland ou le garçon d’à côté

Le film Tom of Finland de Dome Karukoski distribué par Rezo Films en France relate un parcours d’un homme quasi ordinaire. Ce personnage le serait s’il n’avait pas juste révolutionné l’esthétique gay à l’époque, l’après guerre, les Trente Glorieuses où celle ci était confinée à quelques esthètes privilégiés.

Comment peut on dessiner des hommes en uniforme, en tenue de travail, sur virils, sur lascifs, sur lubriques et en faire une œuvre ? Le film décrit bien le cheminement qui conduit le héros à dessiner en cachette. Le poids de l’interdit et la théorie de Didier Eribon sur la constitution de l’identité homosexuelle par l’injure dans ce film sont admirablement illustrés dans ce biopic sensible, bien interprété, loin des clichés d’un cinéma tapageur. Le héros, ou plutôt notre anti héros ordinaire, qui pourrait être votre voisin, semble échapper aux quolibets dans une armée finlandaise en déroute face à l’Armée Rouge. La période des occupations allemande et soviétique a l’air moins pesante que l’après guerre avec la normalisation d’une société du loisir (hétérosexuelle). La scène de drague dans un jardin public pendant la guerre qui se déroule presque bien, soldats et officiers partageant des cigarettes avant que la police militaire ne dégage les visiteurs du soir, est à opposer à une autre séquence se déroulant après guerre. L’ex officier supérieur qui reçoit en tenue légère chez lui ses camarades de jeu, avec sa femme en guise de gué dans la pièce d’à côté, se voit l’objet d’une perquisition policière puis de l’opprobre publique… Le poids de la société normalise tout. Le petit dessinateur publicitaire explose aux États Unis dans la communauté gay fetish cuir. Aujourd’hui, son héritage se voit encore, comme dans le clip du dernier album de DJ Hell.

On en saura pas trop sur la formation artistique de Tom of Finland alias Touko Laaksonen. Pour cela, mieux vaut parcourir le recueil de Taschen ou visiter le site de la fondation avec sa biographie en Flash.

Tom of Finland sur Allocine

Illustration : Dessin de Tom of Finland, collection personnelle, Paris.

Merci à Florent Bugeau de Rezo Films pour le Ciné Rosa avec Rosa Bonheur au cinéma du Panthéon.