Ayant vu le film à l’avant-première organisée par FG DJ Radio lundi 2 mars où quelques acteurs notables du PACS et du droit des gays étaient présents grâce à l’entregent d’Henri Maurel, j’ai pu voir un film, un biopic comme on dit, qui remue pas mal les tripes et qui a été multi oscarisé dernièrement. Selon mon ami Fabrice, c’est le meilleur film de Gus van Sant depuis Elephants. C’est dire !
L’acteur Sean Penn crève l’écran. Il l’a franchement explosé en tant que réalisateur avec Into The Wild, l’excellent film qu’il a sorti l’année dernière. Sean Penn interprète le rôle d’Harvey Milk, un commis d’assurance qui quitte New York et son placard pour San Francisco et le beau sourire de Scott, rencontré le soir de son 39e anniversaire dans le métro. La scène est très drôle. On aimerait tous rencontrer un Scott pareil au coin d’un couloir, c’est quand même plus sympa que ces « rezos » à la noix. Harvey Milk explose son placard et celui du quartier de Castro qui devient un bloc dédié aux gays et non plus qu’aux Irlandais de San Francisco. On assiste à la prise de conscience de ce couple, mais aussi celle de tout un réseau de gens, la « société des amis » chère à Aristote en quelque sorte, qui accompagne Harvey Milk dans ses multiples candidatures de « supervisor » (conseiller municipal) à la Mairie de San Francisco. Mettez en toile de fond le contexte de la croisade chrétienne anti gay d’Anita Briant, une ex mannequin de Floride qui pourchasse les arrêtés en faveur des gays et la violence homophobe de l’époque, la poursuite de la lutte pour les droits civiques, et vous aurez une épopée qui donne des frissons dans le dos, tellement on se sent concerné par une telle flamboyante démarche, sanctionnée par un assassinat de sang froid d’un autre conseiller municipal rancunier et médiocre.
« Les temps ont changé » comme dirait Cole Porter. On aimerait vivre un tel militantisme de nos jours, faut il encore avoir un but véritable et savoir mobiliser les énergies humaines. La lutte pour l’égalité des droits des LGBTIQ (Lesbian Gay Bi Trans Intergenre Queer) a réussi en France, même si le mariage gay est loin d’être obtenu au désespoir de certain-e-s, et dans l’Union Européenne. Le combat est ailleurs, dans les 2/3 des pays du globe qui ont refusé de dépénaliser l’homosexualité (oups), et, même si la communauté LGBTIQ est parfois chiante à mourir de banalités et de normalité, on peut craindre que le communautarisme religieux ne gâche pas nos libertés chèrement acquises, même en France…
Un petit mot sur le militantisme. Que faire quand les buts sont atteints ? La question s’est posée dans les associations LGBTIQ, suite au PACS, qui atteste de l’utilité de la créativité sociale du style de vie gay et qui est un « plus » pour toute la société. Certaines assos continuent leur existence en demandant toujours plus. Résultat, la Marche des Fiertés est devenue, sur la partie associative du cortège, aussi sexy qu’une convention de reprèsentants en machine à laver.
Je m’interroge par conséquent sur le militantisme à Technopol (où j’ai essayé de faire quelque chose pendant 11 ans), association de défense des professionnels et des amateurs de musiques électroniques. Les problèmes ont changé, la « diabolisation » de la techno n’est plus et Technopol ne se justifie plus par une aide concrète apportée aux acteurs électroniques dans leur contentieux (annulation de soirée pour excès de pouvoir). À moins de créer des problèmes de toute pièce, la mobilisation a disparu. La mise à jour de l’objet social d’une association est indispensable quand les objectifs ont été atteints. Cela suppose une prise de conscience et un principe de réalité pour définir des actions utiles aux acteurs présents.
Et pour finir, l’après midi même, je croise Didier Lestrade dans le bus. Je crois qu’on ne s’est jamais vus ailleurs qu’en club ou rave dans les 90s, vu qu’il est parti soigner les primevères dans son pays de Cocagne depuis quelques années. Encore un hasard, croiser un aussi grand militant que Didier des causes gay et anti-VIH avant d’aller voir Harvey Milk, je peux penser que Dieu est « sensible ».