Municipales à Paris : haro sur l’électorat LGBT ?

Il est manifeste que le « vote » LGBT fait l’objet de grandes attentions de la part de la maire sortante, qui estime être soutenue le plus naturellement du monde par cet électorat.

C’est un électorat des plus virtuels qu’aucune étude d’opinion n’a pas à ce jour confirmé l’existence. Alors que le quartier « historique » LGBT, Le Marais, disparaît peu à peu au gré des fermetures d’établissements LGBT, Paris Centre devient une sorte de zone d’achalandise de luxe, l’exécutif sortant n’a pris aucune mesure de protection des activités d’artisanat et de commerce, comme aurait pu le mériter la librairie Les Mots A La Bouche, et a préféré protéger des bars comme Les Philosophes, La Belle Hortense, Les Étages et le théâtre du Point Virgule.

Rencontre au Voulez Vous café avec Ariel Weill (élu maire Paris Centre – PS) avec le SNEG & Co lors de la campagne municipale à Paris en mars 2020.
De gauche à droite : Michel Mau (membre du CA), Thibault Jardon (adhérent et exploitant du Voulez Vous Café), Lily Munson (directrice de campagne d’Ariel Weil), Olivier Robert (pdt du Sneg), Ariel Weil (Paris En Commun – PS), Rémi Calmon (directeur du Sneg) et Julien Gamber (adhérent).

Il faut lire les réponses des candidats Paris Centre aux questions du syndicat professionnel SNEG & Co (affilié à l’UMIH) pour réaliser le peu de considération quant au commerce LGBT. Ariel Weil explique que les commerces LGBT se répandent dans toute la ville et c’est très bien. Il ne doit pas connaître le PLU. Ce n’est pas le cas de la candidate EELV Raphaëlle Rémy-Leleu, qui dans ses réponses dit que « le centre de Paris est victime d’une « disneylandisation » ». La candidate Rachida Dati, épaulée par le candidat Paris Centre Aurélien Véron, développent dans leurs réponses une approche plus technique pour le développement de l’écosystème économique LGBT. Les réponses ne laissent pas deviner une grande maîtrise des dossiers nuits, commerce et LGBT quelque soient les candidats…

C’est encore pire à l’écoute du débat du Centre LGBT Ile de France et de l’Inter LGBT à écouter ici. A part Danielle Simmonet, les candidats ne connaissent pas les dossiers dans leur variété et technicité. Ce n’est pas parce qu’on manie la sémantique que le candidat répondra aux attentes exprimées par les associations LGBT.


Le rapport « Paris, ville phare de l’inclusion et de la diversité », à propos de la place de la politique mémorielle liée au VIH et au Tourisme LGBT, qui reste néanmoins et encore une des forces de la destination Paris, a donné lieu à une réalisation, parmi les 52 projets proposés : la remise du Prix de la Ville de Paris le 17 mai, International Day Against Homophobia (IDAHO). Le monument aux morts LGBT et les actions pour soutenir l’écosystème touristique LGBT attendront le nouveau mandat et des jours meilleurs.

Mercredi 26 février, premier meeting d’Anne Hidalgo, première grande promesse qui n’est pourtant qu’un retard d’un projet de l’exécutif sortant : la Maison des Cultures LGBT.

Suite au refus de Collectif des Archives LGBT d’exploiter un local rue Mahler au motif que l’association, qui elle même réunit près de 50 associations de tout l’hexagone, refuse de se déposséder des archives qui lui seraient confiées, la Mairie a sorti de son chapeau la « Maison des Cultures LGBTQI » en septembre 2019 (lire l’article de Libération).

La Maison des Cultures LGBTQI est donc le sauvetage du mariage raté avec les Archives LGBTQI. Certains acteurs associatifs se sont aussitôt enflammés de célébrer sur les réseaux sociaux.

A quels besoins exprimés répond cette « Maison » ? Les principales associations LGBTQI ont joint leur voix pour demander publiquement (vu la qualité des échanges avec Emmanuel Grégoire et Christophe Girard) à quels besoins répond ce projet, dont au premier chef le Centre LGBT Ile de France. Selon la Mairie, ce projet répond au besoin de «lieu de mémoire, mais surtout un lieu de visibilité et d’animation pour la communauté et toutes les associations qui irriguent la vie militante». A suivre.

De manière générale, ne peut on pas arrêter de prendre les associations LGBTQI pour des quiches ? Ne peut on pas faire confiance à ces associations pour développer un projet de lieu pérenne, autonome financièrement et qui réponde à des vrais besoins ? Sans aller chercher un PPP (partenariat Public Privé) et sans demander des subventions extraordinaires du côté de la Ville, de la Région et de l’État, une mise à dispo avec un conventionnement triennal pourrait amorcer la pompe. Un lieu avec des recettes propres, des aides de fondations, des candidatures à des appels à projets de recherche, des stages de formation (sur la RSS surtout) n’est pas inimaginable. On a bien des exemples d’associations subventionnées à 90% par la Mairie qui ne répondent pas à des besoins et qui ont une mise à disposition et un soutien financier importants…