Hadopi, Love will tear us apart !

Extrait du film Control sur Joy Division
Extrait du film Control sur Joy Division

Mon amie Mrs Blythe, en mission à San Francisco, entre brume et Silicon Valley, m’a « blippé » amoureusement d’un des plus beaux titres du rock, cette perle mélancolique de Joy Division et m’a donné envie de disserter sur le rejet du projet de loi Hadopi.

Hadopi ? Comment voulez vous qu’une loi nationale règle un début du quart du huitième du problème du modèle économique de la musique (et du cinéma) à l’heure du Net ? Les gens se passent de la musique entre SF et Paris sans se soucier des humeurs de l’industrie culturelle française, dont la Sacem et syndicats d’artistes. Donc, oui, « love will tear us apart » ! L’amour de la musique séparera la graine de l’ivraie, seuls les acteurs résolus et malins resteront, les majors, conseillées par des chefs de produits issus de l’agro-alimentaire, sombrent avec les fonds de pension US. Ce sont les affichistes (Clear Channel/Livenation/Ticketmaster) qui reprennent progressivement le flambeau.

Jeudi 9 Avril, le projet de loi Hadopi ou « Création et Internet » n’est pas adopté en fin de « première lecture » (ou lecture accélérée plutôt puisque le texte a fait deux navettes entre le Sénat et l’Assemblée Nationale tout en restant en 1ère lecture, allez savoir) !

Coup de théâtre : Frédéric Lefèbvre déjeûnait en pensant que le texte serait adopté par les députés de la majorité, mais ceux ci étaient en nombre inférieur à ceux de l’opposition, rejoints par deux députés sécessionnistes de la Majorité Présidentielle.

Une loi mal pensée et mal travaillée ne donne jamais une bonne loi, pourrait on penser, mais peut être est ce tout simplement une (petite) claque au Château ? L’absence de députés de la majorité en nombre suffisant est une claque. Le projet de loi est représenté dès le 28 avril et sera voté de toute façon, sauf « 6 février 1934 » monté par les anti-hadopistes… Le compte rendu des débats lors de la séance de ce jeudi 9 avril synthétise bien les arguments des uns et des autres.

L’Happening Juridique organisé par les sémillants avocats de 11 100 34 a démontré une fois de plus que rares sont les politiques à essayer de reconnaître au Net un statut public, Dionis du Séjour et Christian Paul en font partie, que les utilisateurs experts ou malins du Net sauront se déjouer d’Hadopi pour masquer leur adresse IP (Jean-Michel Planche) et que des recours gracieux et administratifs autoriseront les « contrevenants » à résister à cette autorité non judiciaire qu’est Hadopi.

Hadopi n’est pas une solution, mais un cataplasme pour retarder la mort des acteurs de l’industrie culturelle française de quelques années. Cette loi n’est pas totalement mauvaise, puisque demandée par les reprèsentants de la filière culturelle et votée par tous les députés, dont PS, en début d’examen à l’Assemblée Nationale.

Hadopi oppose les intérêts des 25 millions et plus de foyers utilisateurs d’Internet aux acteurs de la musique et du cinéma. Le rôle du politique est de faire un choix et de changer d’avis quand c’est opportun, en attendant qu’une solution internationale sur l’économie de la culture à l’heure du Net voit le jour véritablement. Mais peut être que les organisations internationales ont d’autres sujets prioritaires (économie, aide aux pays en développement, nucléaire, environnement…) ?

Le rejet d’Hadopi a fait une vicitime collatérale : le statut d’éditeur de presse en ligne proposé par Jean Dionis du Séjour ! Quelle bonne idée de bon sens, comment se fait ce que les États Généraux de la Presse n’y aient pas pensé ? Normal, ils étaient plus occupés à savoir comment sauver leur peau que de statuer sur une évidence : Internet est un média. Fichtre, fallait chercher…