« Culture & Internet : faut-il avoir peur de la gratuité ? »

troubadour

La gratuité est une question de fond qui se pose à nous quant à Internet et quant à l’accès à la culture.

Quand les premiers réseaux militaires et universitaires ont été conçus dans les années 70 et que le protocole http a été arrêté en 1989, on ne pouvait pas imaginer que ce système d’information allait être un choc aussi énorme que l’invention de Gütenberg en 1434. Internet est une révolution industrielle profonde qui touche toute la société et toutes les activités, industrielles ou artisanales. Si on s’engage dans une fiction totale, on peut imaginer un écroûlement des moyens nécessaires aux artistes, journalistes, écrivains, scénographes, dramaturges, etc. pour travailler et connaître un monde où la création ne connaîtrait que l’économie du « chapeau ».

En effet, seuls les artistes pouvant monétiser le « live », les musiciens, les comédiens, les plasticiens, les acteurs de théâtre…, pourront continuer de se développer, même si l’emprise de Clear Channel avec sa filiale Live Nation, bientôt fusionnée avec Ticketmaster, verra une nouvelle major mondiale s’imposer dans les pays où une économie standardisée existe. Ainsi un réseau publicitaire, Clear Channel, succèdera aux majors du disque, par ailleurs elles mêmes anciennes filiales de fabricants de matériels électriques (Philips devenue Universal, CBS ou RCA ex filiale d’Edison…).

Toute l’architecture du copyright et du droit d’auteur à la française, qui a connu une extension aux droits voisins du droit d’auteur par la loi Lang de 1985, destinée à reconnaître aux interprètes, crédités ou pas,et aux producteurs à monétiser un « droit de suite » sur les œuvres, va disparaître irrémédiablement. Une mutation est à engager, similaire aux années 1930 où les constructeurs de matériels électriques créaient des réseaux radios et avaient besoin de garnir leurs ondes de musique.

Le futur du business, c’est de vendre moins de chaque produit, mais plus de produits diférents” affirmait Chris Anderson. La théorie de la Longue Traîne de Chris Anderson a été analysée par Daniel Kaplan (FING) dernièrement (voir article d’Internet Actu), le constat est quelque peu négatif : l’augmentation de l’offre de contenus culturels via les différents systèmes de distribution n’induit pas une augmentation notable de moyens aux artistes. L’idéal qui prévalait il y a quelques années s’écroûle : ce sont encore les mêmes « meilleures ventes » qui prévalent sur le net…

Même si l’ouverture aux contenus induite par Internet n’est pas toujours gratuite, la gratuité est peut-être le phénomène véritable généré par la révolution technique des NTIC (nouvelles techniques de l’information et de la communication) et que le projet de loi « Création et Internet » du Gouvernement vise à juguler avec la « Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des Droits sur Internet ».

HADOPI, et les débats qui ont accompagné cette indispensable mesure de protection des créateurs et des industries culturelle, du divertissement et de l’information menacés, ont mis en évidence le développement exponentiel d’un phénomène populaire et massif : l’accès gratuit aux « contenus ». C’est d’ailleurs très traumatisant de réduire des siècles d’Humanité par le terme « contenu »… Concomitant de la révolution Internet et l’accès instantané aux données les plus diverses, la gratuité est pour certains  synonyme absolu de liberté dans un monde ouvert aux échanges mondialisé et individualisés. Pour preuve, cet article donnant les dix antidotes à Hadopi. Pour d’autres, au contraire, elle constitue la plus grave menace jamais encourue par la communauté des créateurs de contenus, notamment musicaux et audiovisuels. La gratuité, ou plutôt le non contrôle des échanges de fichiers, sonnerait ainsi le glas de filières culturelles, aussi bien celle des grands groupes mondialisés que des acteurs indépendants.

Le Colloque du Parti Radical annoncé ci dessous propose un état des lieux de la situation pour les éditeurs de contenu confrontés au phénomène de la gratuité dans une première partie et posera  les bases d’une vraie réflexion prospective dans sa deuxième partie. Entre Égalité et Liberté, il est important de réfléchir à l’incidence des nouveaux comportements, du « pair au pair » ou « peer to peer » aux techniques d’utilisation les plus cyniques, désormais indissociables des nouvelles générations. Cette Convention réunit les experts et les acteurs ciblés avec une question simple : après Hadopi, quelle nouvelle régulation pour garantir la liberté et les droits de chacun sur les nouveaux supports ?

salle-colbert

CONVENTION NATIONALE PARTI RADICAL

« Culture et Internet : faut-il avoir peur de la gratuité ? »
Jeudi 28 mai 2009

Salle Colbert – Assemblée Nationale
126, rue de l’Université (place du Palais Bourbon), 75007 Paris

PROGRAMME

Organisée sous l’égide de la Commission des Affaires culturelles présidée par Marcel RUBY

Animation par Henri MAUREL, fondateur et Président d’honneur de radiofg.com

I/ « Musique, cinéma, propriété intellectuelle : quand Internet m’a tué ? » :

9h 30 : Mot d’accueil par un représentant de la Commission des affaires culturelles,

9h45- 10h00 : Intervention de Bernard MIYET, Président du Directoire de la SACEM,

10h00-10h15 : Intervention de Pascal ROGARD, Directeur Général de la SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques)

10h15-10h30 : Intervention de Bertrand GIE, Directeur des Nouveaux médias pour Le Figaro

10h30-10h45 : Intervention de Michel THIOLLIÈRE, Sénateur de la Loire, rapporteur du projet de loi HADOPI

10h45-11h15 : Débat avec la salle

II/ « culture et Internet : de la révolution technique à la révolution économique »

11h15-11h30 : Introduction générale par le sociologue Stéphane HUGON

11h30-11h45 : Etat des lieux de l’offre légale et évolution des modèles économiques : intervention de Xavier FILLOL, responsable de la commission Musique en Ligne du Geste

11h45-12h00 : Intervention de Jérôme GIUSTI, Avocat, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle

12h00 – 12h15 : Intervention de Martin ROGARD, Vice-président de DAILYMOTION.

12h15- 12h30 : Intervention de Christine ALBANEL, Ministre de la Culture et de la  Communication

12h30 :     Clôture par Laurent HENART, ancien Ministre, Député de Meurthe-et-Moselle, Président de la Réunion des Opéras de France

PARTI RADICAL – 1, Place de Valois, 75001 Paris
http://www.partiradical.net/
projet-de-deroule-convention-culture