Borat ou les lettres persanes

Il est étonnant de voir combien la façon de dénoncer (et donc de s’exprimer) peut emprunter des voies classiques.

Ainsi, le film Borat de Sacha Borat Cohen peut ressembler à s’y méprendre aux Lettres Persanes de Montesquieu. Le philosophe du XVIIIe siècle n’avait rien trouvé de mieux que d’inventer un faux récit de voyage persan pour critiquer la société française d’alors, coincée par une bourgeoisie florissante, une aristocratie décadente et un clergé suicidaire.

Inventer un tel récit sur la société américaine d’un faux agent plénipotentiaire kazakh revient autant à critiquer un orient intolérant qu’une Amérique du Nord coincée dans ses principes.

Le film est bien mené, il baigne dans une grossièreté éclatante et Borat a peut-être trop intégré son personnage : il est devenu son personnage.

Ce film est une bonne claque, quelques sketches dépassent l’entendement au niveau n’importe quoi (ex : la scène de lutte dans la chambre d’hôtel, la présentation de son fils, la scène avec les gays…).