Bernard Szajner, l’autre godfather

Le Centre Georges Pompidou, en l’occurrence Serge Laurent, a accepté la proposition de création d’InFiné et de Technopol pour en faire le concert d’ouverture de saison des Spectacles Vivants. Un concert exceptionnel par un artiste pionnier des musiques électroniques à l’occasion de la réédition d’un album mythique, « Visions of Dune », paru en 1979.

Évolution est la création dans le cadre de la nouvelle édition de la Paris Electronic Week due à l’artiste Bernard Szajner présentée jeudi 18 septembre. Créditons Carl Craig, si l’artiste de Detroit n’avait pas choisi le premier album de Bernard Szajner dans son « all time top ten », InFiné n’aurait pas démarché Bernard Szajner. Mais qui est donc Bernard Szajner ?

Bernard Szajner, un artiste pionnier aux talents multiples.

Compositeur ayant travaillé avec Pierre Henry, Olivier Messiaen, plasticien de renommée mondiale avec des expositions à Paris, Berlin, Londres, Chicago, etc., créateur d’instruments de musique contemporaine, Bernard Szajner a influencé nombre de « jeunes » musiciens et est souvent cité comme Brian Eno français… Né en 1943, Bernard Szajner a d’abord composé trois albums entre 1979 et 1983, dont une libre interprétation du film Dune. Également inventeur, Bernard Szajner fait partie des pionniers de la musique électronique qui créent eux mêmes les instruments permettant des sons innovants. Cette propension à l’innovation a conduit l’artiste à créer la harpe laser que Jean-Michel Jarre a popularisé par ses concerts événements et d’autres dispositifs, comme le show laser pour le spectacle Tommy des Who. Bernard Szajner a arrêté la musique en 1983 pour se concentrer sur les arts plastiques et numériques, la scénographie et le théâtre.

La création

Extrait de la note d’intention : « C’est l’affect même du spectateur/auditeur que se trouve soumis au travers de cette performance musicale et visuelle à des « vagues » qui viennent interférer, « jouer » avec cet affect… Une dimension supplémentaire de perception est donc rajoutée à ce qui – par ailleurs – ressemblerait à une performance « normale » pour la tirer vers une dimension hors du commun, sachant que – selon l’artiste – la beauté du processus, réside dans l’inégalité des perceptions : ceux qui sont plus sensibles aux événements « complexes » liés à l’osmose recevront la performance de manière plus « complète », plus enrichissante que ceux qui sont hermétiques à ces perceptions… Une invitation à « cultiver » ses perceptions, une invitation à « évoluer » ! »

Pour le concert, Bernard Szajner crée des démons, qui sont des interfaces instruments interactives musicales, inspirées de l’imaginaire japonais. L’artiste dépasse la notion d’instrument au sens classique du terme par son ingéniosité, ce qui est un talent exceptionnel. Le concert est aussi l’occasion d’un récit imaginé et interprété par l’artiste. Le concert sera également visuel avec les « démons » et les projections.

Visions of Dune

Alexandre Cazac, fondateur d’InFiné, a suscité la création pour éditer le premier album de Szajner, un album librement inspiré du film Dune. Classe. Laissons parler l’artiste (extrait du dossier de presse) : « En 1978, j’ai entrepris de « composer » de la musique. Le processus de création – pour moi – était très simple ; je devais « faire avec ce que j’avais» car je ne savais jouer d’aucun instrument… « Quand je n’ai pas de bleu, je mets du rouge » disait Picasso. Pour « composer », je disposais en tout et pour tout d’un séquencer Oberheim prêté pendant huit jours par un ami et un magnétophone à bandes magnétiques deux pistes Revox. J’ai appris à « manipuler les sons à l’oreille et à l’instinct» comme autant de sentiments et d’émotions… J’ai accumulé en huit jours des centaines de « boucles » issues du séquencer et puis une fois le séquencer parti… Un autre ami m’a prêté un magnétophone Akaï quatre pistes… J’ai transféré alors deux pistes du Revox sur les deux premières de l’Akaï, puis deux autres pistes en parallèle… parfois, le résultat me semblait satisfaisant et je le laissais tel quel, parfois cela ne me convenait pas et je « décalais » dans le temps une des boucles, j’écoutais, je re-décalais éventuellement, etc. J’étais déjà familiarisé avec les musiques « minimalistes et répétitives » ayant beaucoup écouté certains compositeurs comme Terry Riley (mais toujours incapable de « jouer » sur un clavier, comme un « vrai » musicien)… Puis je mixais les deux pistes et obtenais une nouvelle base sur laquelle je rajoutais d’autres sons ou d’autres boucles. Il ne fallait pas répéter ce processus trop souvent car à chaque nouveau transfert, du bruit de fond et du souffle venait se rajouter et endommageait la pureté originelle des sons… »

Un peu de musique par Andy Votel

Jeudi 18 septembre 2014 – 20h – Centre Georges Pompidou – Sur billetterie

InFine

Technopol

InFine Music – Z aka Bernard Szajner