Agnès ou la vie sur écran

Agnès Varda, Agnès Varda, que dire de juste sur son dernier film ? Fable autobiographique, testament poétique, le film Les Plages d’Agnès sont une jolie odyssée dans la vie de la réalisatrice et photographe de la Nouvelle Vague, des années 70 et tout simplement du cinéma contemporain. Élevée « comme une petite Française » en Belgique, Agnès a passé les années de guerre à Sète, et c’est là qu’a du se produire le déclic artistique en compagnie de Jean Vilard, qu’elle accompagna par l’objectif en 1948 à Avignon (en 1947 elle remaillait en Corse des filets avec des pêcheurs muets mais polis). Années d’apprentissage à l’École du Louvre puis à l’École Technique de Photographie et de Cinéma, où elle rencontra ses amis de toujours, dont ses premiers amants et compagnons de vie, dont Jacques Demy. Retour sur Cléo de 5 à 7, fréquentation des réalisateurs de la Nouvelle Vague, succès des films de Demy dans les sixties, expériences cinématographiques en Californie fin 60 (elle fut absente de mai 68 !) et durant les années 70 (voir Peace & Love, avec les deux zigs de Hair…), les combats pour le droit des femmes en France en demi teinte, etc. composent les faits marquants de sa vie.

Mais ce n’est pas là que le film est le plus intéressant. Comment une dame de 80 ans parle de sa vie, des disparus, de ses rêves sans tomber dans la noirceur ? Ce film est une ode à la vie, malgré la maladie (le VIH pour Demy), avec une série de retours sur le passé sous forme de virgules rafraichissantes, même si le jeté de pétales de rose lors de l’exposition de photographie sur le festival d’Avignon de 1948 ressemble à une cérémonie funèbre.

Il y a des pincements de cœur, un regard franc sur la vieillesse, cet inexorable « naufrage » comme disait de Gaulle, que notre société refuse toujours d’agréer.

Ci dessous, la bande d’annonce du Bonheur, joli film sur la famille et le cocufiage.