Le jour sauve la nuit

 

Photos par Raphaël Dominguez à la SIRA (Asnières), avant que le maire ne décide d’annuler la tenue d’autres fêtes. Snif.

Le phénomène le plus important de la nuit à Paris depuis plusieurs années se déroule désormais… le jour !

Issus de l’underground techno et de la free party (mais pas que), les trois compères de Surprize développent une ligne artistique et un esprit avec Concrete des plus exigeantes au niveau de la programmation : c’est « le Berghain sur Seine » estiment les jeunes faunes en goguette ! Je fais partie de ceux là, même si je n’ai expérimenté qu’une fois le Graal de la teuf berlinoise et que je suis un quarantenaire zombie des dance floors.

La musique de la Concrete réunit l’esprit de la Body & Soul de New York (à quand François K jouant avec François X ?) avec la profondeur abyssale de la production techno européenne (plus allemande et française) : des rythmes qui remuent le popotin (« butt impact »), des accords futuristes, des percussions parfois caraïbiennes et des touches d’une techno du meilleur acabit. Offrir un écrin à la hauteur de l’exigence de DJ Deep (alias Cyril Etienne des Rosaies) n’était pas à la portée de tout le monde. DJ Deep est un des artistes français les plus exigeants, un DJ et producteur qui se faisait malheureusement trop rare ces dernières années. Désormais, il se produit régulièrement et parraine une clique de jeunes DJs et producteurs parisiens, qui commencent à compter (François X, Grego G, Ben Vedren, Lowris, etc.).

Il y a la musique, mais aussi le choix du lieu, le choix des horaires, l’accueil sans sélection parisianiste élitiste, les tarifs, le sound system, les lights, le deuxième dance floor et le food truck qui font sacrément la différence.

La fête de jour n’est plus leur apanage, d’autres collectifs embrayent sur la « journée musicale », comme Sundae, Cracki Records, 75021, Soukmachine, etc. et font encore plus la différence sur Paris, ville où le lobby des discothèques a moins de prise sur les élus pour réduire ce qu’ils doivent considérer comme une concurrence insupportable.

Un petit passage par Nantes est d’actualité.

L’actualité de Nantes est un condensé de tout ce que Technopol combat : pas d’accès aux lieux (même municipaux) et pas d’autorisation de fermeture tardive pour les nouveaux venus et collectifs électros indépendants. A ce sujet, lisez les dires de Deviations Sonores sur Facebook. Ce sujet va être développé par Technopol sous peu. Le dossier commence à être chargé et démontre que la ville du premier ministre est pleine de « surprises ». C’est à ce genre de détail qu’on peut comprendre ce que la France peut subir… Oups.

Donc la nuit qui se vit le jour est révélateur de l’exaspération des organisateurs de soirée sur les multiples blocages qui pèsent sur la nuit. Il y a tellement de problèmes de voisinage que la nuit est devenue l’apanage des électeurs dormeurs et des familles en plein baby boom. La nuit engendre la fête de jour qui se révèle plus démocratique et variée. À méditer.

La musique ne s’arrêtera jamais et ne nous attend pas. Elle vous donne rendez vous au Weather Festival concoctée entre deux Concrete pascales, qui échappent aux embûches administratives. Profitez en.

Mise à jour jeudi 16 mai : Le Monde a repris le titre de ce post pour l’article sur Weather !